La première a le regard doux et attentionné, et sa présence est apaisante. La deuxième a du caractère à revendre et livre le fond de sa pensée, quitte à bousculer l’ordre établi. Même si cinq décennies les séparent et que tout les oppose a priori, Suzanne et Lydia affichent une complicité manifeste et forment un duo improbable. Bienvenue dans un programme de jumelage intergénérationnel unique en son genre.
Quand on entre dans la Maison des Grands-Parents de Villeray (MGPV), un petit vestibule donne sur un grand salon où sont placés des chaises berçantes et des canapés en bois dignes d’un chalet de ski. Sur un long tapis, on trouve les souliers et les bottes des visiteurs qui ont troqué ce qu’ils avaient dans les pieds pour des pantoufles tricotées à la main.
En ce mercredi matin frisquet, les voix fusent et résonnent dans l’entrée de la Maison. Si l’ambiance est si animée, c’est que les jeunes ados de l’organisme Motivation-Jeunesse viennent d’arriver et que les aînés les accueillent à bras ouverts. Ici, un jeune colosse au physique de joueur de football et une jeune ado vêtue d’un survêtement de sports Adidas. À côté, un aîné aux cheveux blancs en bataille vêtu d’une djellaba et une grand-mère bohème portant des lunettes rondes aux contours turquoise.
«Comment a été ta semaine?»
«J’ai faim, j’ai déjà hâte à midi!»
«Est-ce qu’on s’assoit à côté?»
Cette rencontre inusitée entre 12 ados et 12 aînés à la MGPV est le fruit d’un programme de jumelage volontaire qui existe depuis 1994. Les jeunes proviennent de l’organisme Motivation-Jeunesse, et ce sont des étudiants à risque de décrocher de l’école. Ils visitent les aînés de la Maison toutes les deux semaines pour prendre part à des activités aussi diverses que ludiques : quilles, jeux de société, confection de murales. Pendant ces matinées, Suzanne et Lydia sont inséparables.
«Quand je viens ici, on fait tout ensemble, ajoute Lydia. On mange ensemble, on fait des activités ensemble, on parle ensemble. On parle de tout et de rien, on parle de la vie et des choses qui nous arrivent.»
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